UN CHOIX ÉVIDENT
Le choix du bâtiment qui accueille La Filaventure était évident, puisqu’il s’agit d’une aile historique des bâtiments de Brun de Vian-Tiran, un ancien “moulin à foulon”. Situé sur le tour de ville, à la confluence des deux principales entrées de la ville et à seulement 100 mètres de la gare, doté d’un parvis de 1200 m², il est tout approprié pour créer un lieu de vie et de partage.
Ce lieu est attesté par un plan de 1793 comme “moulin paroir”. Un paroir, parfois aussi appelé “paradou”, est un moulin contenant des “foulons” dont les pilons frappent des étoffes plongées dans un bain d’eau et d’argile afin de les dégraisser, les assouplir et les feutrer. Dans le contexte de la ville drapière qu’est l’Isle-sur-la-Sorgue depuis le XIIIème siècle, des roues à aubes actionnent de tels foulons pour y feutrer des draps de laine et des couvertures.
En 1822, le site se transforme en moulin à garance et à partir de 1851, il connait, entre les mains de la famille Valabrègue de Carpentras, d’importants développements. Fournissant un colorant rouge, la garance est une plante tinctoriale amenée dans notre département par Jean Althen, un agronome du XVIIIe siècle d’origine Arménienne.
Elle a servi à teindre les uniformes militaires de l’Empire. Elle est définitivement remplacée, au tout début de la première guerre mondiale, par des colorants de synthèse élaborés à base d’aniline.
À la charnière du XIXe et XXe siècles, l’usine de Valabrègue, après son rachat par une branche de la famille Brun, renoue avec son passé textile en devenant une extension de la manufacture du Moulin Vert située sur l’emplacement actuel du “Village des Antiquaires de la Gare”.
“La valabrègue”, comme on la surnomme, bénéficie de la chute d’eau la plus importante de la ville de l’Isle.
Pendant de longues années, une puissante roue, toujours visible, a actionné les ateliers de foulage et de préparation à la filature : louvetage, effilochage, ensimage… et les ateliers de mécanique. Après la fermeture du Moulin Vert en 1966, l’aile Ouest de cet ensemble industriel devient les ateliers de finition et de conditionnement de la Manufacture Brun de Vian-Tiran.
DEUX ANS DE TRAVAUX
En 2016, Pierre et Jean-Louis Brun, désireux depuis longtemps de créer un musée pour partager leur métier avec le public, ont l’occasion d’acquérir l’aile Est.
C’est un lourd chantier qui s’engage alors pour aménager les abords et consolider ce bâtiment de 600m².
La restauration doit se faire dans le plus grand respect des règles d’urbanisme, sous le contrôle des Architectes des Bâtiments de France car le tour de ville de l’Isle-sur-la-Sorgue est classé et sur les conseils du Directeur du Patrimoine et historien de la ville, François Guyonnet
Le projet est confié à Christian Ruynat, architecte en Avignon, en tant que maître d’œuvre. La restauration requiert de lourds travaux de remise en état.
Il faut renforcer les poutres maîtresses du plancher et soutenir le sol du rez-de-chaussée par vingt-cinq micropieux de 7 mètres de profondeur… car, nous devons le préciser, à l’Isle-sur-la-Sorgue, tout comme à Venise, du fait des sédiments abondants et de l’absence de socle rocheux proche, on construit sur pilotis !
Tout est ainsi réalisé dans le respect de la dimension historique du bâtiment.
L’agence Abaque, maître d’œuvre pour le futur musée, met à profit les 300 m² du premier étage pour concevoir un parcours de découverte à travers les trois grandes composantes de notre métier : une quête des fibres nobles sur tous les continents, la conception et la création d’étoffes inspirées par la nature, et la fabrication intégrale des étoffes de la balle de laine à l’article fini.
L’agence Bayadères, maître d’œuvre pour la Boutique, conçoit l’agencement des 160 m² du rez-de-chaussée en mettant en valeur les matières brutes : poutres, parois… en total contraste avec la douceur et les coloris des châles, écharpes et couvertures qui y sont présentés.
Pierre et Jean-Louis Brun sont aujourd’hui heureux de vous accueillir dans un lieu à l’image de la manufacture Brun de Vian-Tiran : un témoin vivant des origines textiles de l’Isle sur la Sorgue, un respect de la tradition, une conception de la tradition comme culture d’innovation permanente, des créations textiles résolument contemporaines et un partage des valeurs de savoir-faire français, de solidarité et d’éco-responsabilité.
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